" Je cherche un moyen ou un modèle économique qui me permettrait d'apporter mon service à ceux qui en auraient le plus besoin mais pas les moyens. "
Diego Giuliani
JRI et vidéaste engagé
Fondateur de "Donner la voix aux sans voix"
www.lavoixauxsansvoix.com
Quelle activité as-tu décidé d’entreprendre ?
Depuis l’automne 2019, je me suis lancé en indépendant en création vidéo et produits audio au service surtout, mais pas exclusivement, des acteurs au sens large de l'ESS.
Je m'occupe en solo et avec d'autres partenaires de tout le processus de création : de la conception à la post production surtout destinés au réseaux sociaux et au web mais aussi aux médias traditionnels, aux contenus promotionnels.
Je m’adresse aux collectivités territoriales, associations, fondations, ONG et parfois aux entreprises aussi.
Raconte-nous le parcours qui t’a amené à cette idée ?
Tout cela est l'aboutissement d'un parcours journalistique, mon ADN, là d'où je viens. J’ai travaillé presque 20 ans dans des médias de toute sorte, agence presse, radios, et surtout des grandes chaînes de télévisions internationales et nationales, comme Euronews et la télévision publique italienne..
En connaissant surtout la communication audiovisuelle, j'ai voulu mettre à profit mon bagage technique et journalistique tout en répondant à des valeurs que j'avais un peu perdues dans mon activité dans les médias. Je ne retrouvais plus les motivations qui m'avaient poussé il y a longtemps à entreprendre ce parcours professionnel.
Quelles sont les valeurs qui te tiennent à cœur et qui donnent la direction à ton projet ?
Les valeurs sont le fil rouge de ma vie professionnelle qui m'a amené à entreprendre un parcours journalistique : je voulais donner la voix aux sans voix.
J'ai voulu garder cette mission mais autrement, avec mes moyens, mon bagage professionnel et en pointant la caméra sur ceux que je pensais mériter.
Ces personnes qui restent cachées et qui nous entourent. Les histoires des “invisibles” et qui dans leurs actions quotidiennes peuvent non seulement changer le monde, mais aussi inspirer le changement.
J'espère, avec la visibilité que je donne à ces actions, inspirer d'autres à suivre ces traces et contribuer à rendre notre monde meilleur.
Raconte-nous tes premiers pas chez Altitude conseil
Mon parcours a croisé celui d'Altitude Conseil en plein confinement à un moment où j'étais carrément perdu car je m'apprêtais à entreprendre un parcours entrepreneurial qui m'était totalement étranger. J'ai commencé à réfléchir à comment me lancer dans cette activité en lui donnant des bases plus solides et qui répondent aux besoins du marché. Ce qui me manquait c'est apprendre le b.a.-ba de l'entrepreneuriat.
Quelles étaient tes interrogations à l’époque et les enjeux pour toi ?
Étant à la base non seulement journaliste, aérien et intellectuel, j'étais loin des démarches pratiques et entrepreneuriales. Je ne savais pas comment aborder au niveau pratique cette aventure, j'étais totalement vierge dans cela et j'avais l'impression de ne pas être dans mon élément parmi ces entrepreneurs qui parlaient de chiffre d’affaires et tunnel de vente, des sujets qui me faisaient hérisser les poils dans le dos.
Quels bénéfices as-tu retirés de l’accompagnement ?
Cela était très utile pour me donner des bases qui m'ont fait comprendre quels étaient les enjeux, comment aborder les volets de l'aventure entrepreneuriale tout en me donnant les moyens de chercher par mes propres moyens. C'était une boussole pour savoir comment s'orienter, d'abord identifier ses besoins, ne pas se sentir paumé car c'est ça qui risque de nous paralyser. Ça permet de pouvoir identifier un parcours déjà tracé et poursuivre en fonction de tes rythmes, besoins, spécificités, te frayer un chemin. Des aspects à prendre en compte dans toute aventure entrepreneuriale.
Quelles étaient tes motivations ?
J'en étais à un moment de ma vie où je ressentais le besoin de me réinventer tout en mettant à profit mon bagage pro et perso et m'a permis de repenser les équilibres entre vie pro et vie perso.
J'ai toujours eu des horaires décalés et ma vie perso en a toujours pâti d'une quelconque manière. Je devais m’adapter à des horaires qui n'étaient pas ceux d'une vie de famille ordinaire.
Ayant des enfants en bas âge, je me suis dit que c’était l’occasion de refaçonner mes priorités et d'adapter ma vie pro à ma vie perso, que j'avais jusque là pas mal sacrifiée.
Et bien sûr, mes motivations étaient également de réaligner ma vie pro à mes valeurs et convictions évoquées ci-haut.
A côté de cela, j’ai un besoin très fort d'exprimer ma créativité qui avait été mise de côté jusque là. Et pour mon besoin personnel, c'est vraiment capital de laisser libre cours à ma créativité, qui booste ma motivation et me tient tard le soir.
Quelles sont tes satisfactions dans ton parcours entrepreneurial ?
Ce que j'aime beaucoup c'est la variété de mes missions.
Ce qui est commun dans mon activité, c'est le storytelling, je raconte des histoires comme j'ai toujours fait et aimé.
Ce qui varie c'est l'éventail de moyens pour raconter les histoires : donner de la force au message en mariant l’image et le texte, des podcasts et montages audio qui répondent à mon ancien amour de la radio. Je crée moi-même des scénarios où je mets ma créativité au service de la conception.
J’ai un contrôle total sur mon bébé, sur mon œuvre, ce qui est extrêmement épanouissant.
Je mets ça au service de mes envies personnels et au service de projets aux valeurs qui me dépassent et qui me correspondent.
La découverte : je suis le 1er spectateur de mes histoires, cela m'amène à découvrir des histoires auxquelles je me laisse moi-même surprendre comme si je pouvais profiter en avant-première des histoires que je vais raconter.
Comment as-tu trouvé tes 1ers clients ?
Au début j'étais terrorisé, étant vierge sur ce domaine, et j'avais un réseau principalement dans ma profession. Et pourtant petit à petit, par le biais des formations que j'ai suivies, le parcours Entreprendre Dans Le Conseil que j’ai suivi à vos côtés, des cercles que j'ai intégré et Linkedin, un réseau s'est construit, toujours en virtuel. Ce réseau a nourri mon projet en termes d'idées, d’évolutions, de perspectives et m'a amené des contacts qui parfois se sont traduits en missions et clients. Toutes les missions que j’ai eues, je les dois au réseau que j'ai pu construire et quelques initiatives personnelles en allant toquer à quelques portes. Le bouche à oreille commence à se mettre en place à un moment donné.
As-tu déjà décroché des missions dans ton cœur de cible, le domaine de l’ESS, Economie Sociale et Solidaire ?
Oui, j’ai travaillé avec des collectivités territoriales, des fondations, des associations et d'autres institutions dans le domaine culturel qui d'ailleurs m'intéresse beaucoup.
J'aimerais bien continuer sur cette lancée, avec ces clients, mais historiquement ils n’ont pas forcément tous beaucoup de budget.
Ce n’est pas mon moteur de me remplir les poches mais je souhaiterais avoir plus de régularité et de visibilité sur les mois qui suivent pour me donner plus de tranquillité et me ménager un peu plus.
N'ayant pas de sécurité par la suite, on est parfois amené à se surmener au quotidien pour pallier d'éventuels moments creux à l'avenir, ce qui génère du stress et de la surcharge.
Comment as-tu trouvé ces clients jusqu’ici ?
Par le biais du réseau, Linkedin ou Facebook ont été les biais par lesquels j'ai fait parler de moi. Le message a dû arriver aux oreilles des bonnes personnes qui ont relayé le message et m'ont ainsi mis en contact avec des clients.
Linkedin, ce n’est pas la source principale des contrats mais ce média me permet de mettre en place une dynamique positive en activant le réseau.
Ce n’est pas un outil qui donne des contacts dans l'immédiat mais c’est un travail de longue haleine, des petites graines que l’on sème et dont on récolte les fruits petit à petit.
Quelles sont les difficultés rencontrées et comment les dépasser ?
On passe par des phases différentes, le syndrome de l'imposteur, les incertitudes, les montagnes russes professionnelles et émotionnelles. Parfois l'alternance très forte de moments d'hyper travail et de moments plats. Au niveau psychologique c’est déstabilisant. Cela peut aussi mener à des phases de surcharge.
Je tiens à mettre en garde sur le risque du potentiel burnout des néo entrepreneurs. Je pense l'avoir frôlé moi-même en phase d'hyper travail, j'en suis arrivé presque à éprouver du dégoût du travail au début. Je me suis rendu compte avec quelques sonnettes d'alarme, de l’importance de savoir me mettre des limites et respecter mes propres engagements face au travail. Qui découle de l'incertitude. Alors que non, il y a aussi des limites à ne pas dépasser.
Ca c'est la difficulté principale.
Puis la difficulté plus proprement par rapport au marché ciblé car j'aimerais vraiment amener un changement dans le domaine de l'ESS.
La problématique c’est d’arriver à agir comme levier auprès d'interlocuteurs ou de clients qui n'ont pas forcément les moyens de se payer une stratégie de communication audiovisuelle. Je cherche un moyen ou un modèle économique qui me permettrait d'apporter mon service à ceux qui en auraient le plus besoin, mais pas les moyens. Certains comme les associations n’ont pas les ressources en communication qui pourtant leur permettrait de se rendre plus visible, donc de grandir, survivre et avoir plus d'impact sur leurs actions. C’est le paradoxe qui me dépasse, mais c'est là que j'aimerais pouvoir intervenir pour résoudre ce problème et que ces sujets-là puissent gagner la visibilité qu'ils méritent.
En quoi consistent vos activités aujourd’hui ?
J’ai créé une société de production audiovisuelle qui crée des contenus audio et vidéo de la conception à la post production pour la communication des acteurs ESS, surtout afin de donner la voix aux sans voix.
Concrètement ce que je fais :
Aujourd'hui, je réalise surtout des vidéos promotionnelles ou journalistiques pour des acteurs de l’ESS en France et à l’étranger, je profite de mon réseau professionnel pour donner de la visibilité à ces thèmes dans des grandes chaînes de télévision, mais je produis aussi souvent des petits interviews bruts, très simples au niveau du tournage, mais où le dynamisme donné en post production permet un format adapté aux réseaux sociaux.
Pour avoir plus d’impact auprès des acteurs de l’ESS qui n’ont pas assez de budget pour se payer une communication audiovisuelle, j’ai aussi monté une formation vidéo pour leur donner les moyens de filmer leurs vidéos en interne. Et puis, pendant le confinement, j’ai beaucoup travaillé à la mise en valeur d’événements organisés en virtuel : des conférences, des tables rondes qui, après leur diffusion risquent de tomber aux oubliettes et à qui j’ai donné une deuxième vie, grâce au montage et à la postproduction vidéo, en les transformant en outils de communication pour le web, YouTube et d’autres plateformes.
Quels sont tes projets et tes rêves ?
On peut me souhaiter de trouver un bon équilibre entre la multitude d'activités que j'aime bien mener. Malheureusement, je m'ennuie vite au travail et j'ai besoin de varier et que mon quotidien soit composé d'une palette très différente.
Je souhaite garder un pied dans le journalisme, d'où je viens, me permettant de garder un bagage de relations et contacts utiles pour mon travail actuel.
Je souhaite aussi continuer à mettre à profit mon travail aussi à l'échelle internationale, grâce à ma collaboration avec une fondation qui s’occupe de la communication, en vidéo et print, de projets financés par la Commission européenne, surtout dans les domaines de l’écologie et des énergies renouvelables .
Et j'aimerais bien aussi, à côté de la vidéo, travailler davantage avec les sons, les podcasts. Mon 1er amour a été la radio et je veux lui rester fidèle.
Vous pouvez aussi me souhaiter de développer la dimension collective de mon projet, je crois profondément que les idées grandissent dans l'échange et que l'on risque d'être dépassé par les résultats de nos projets. Ne pas avoir peur de partager nos projets par crainte qu'on risque de les piquer ou de se les approprier. C'est par l'échange qu'on peut grandir davantage, enrichir son projet, se rendre compte qu'on n’est pas seul et être surpris par la facilité à dépasser nos résultats quand on fait confiance aux autres.
Avoir plus de visibilité pour mieux organiser mon temps et me ménager aussi, avoir un peu plus de régularité aussi, car je continue de voyager sur les montagnes russes.
Mon objectif d'ici la fin de l'année, c’est d’avoir un peu plus de régularité et de visibilité.
On est obligé de puiser dans ses ressources car cela ne dépend que de soi. C’est à la fois très stimulant et très responsabilisant. C'est aussi dans ces moments-là que ce qui me motive c'est l'intégrité, aussi vis à vis de mes enfants : pour leur transmettre les valeurs qui pour moi sont capitales, il ne suffit pas que je les déclame, il faut que je les incarne, moi le premier. C'est une étoile polaire, les enfants sont des animaux qui flairent tout de suite l'incohérence.
Ma mission : transmettre les valeurs auxquelles je crois.
Comment tu remontes pendant les périodes “down” ?
Dernièrement mon rapport famille / pro s’est inversé.
Quand les angoisses l'emportaient, je ne supportais pas soustraire les temps pro par la famille. Le déclic s’est fait où aujourd’hui j'arrive à très bien compartimenter dans ma tête les activités pros et familiales. Ma famille s'est transformée en source d'énergie. Pendant les downs, je referme la porte professionnelle et je me ressource dans la famille.
Quel conseil donnerais-tu aux futurs entrepreneurs ?
1er conseil : s'écouter plutôt qu'écouter les autres et essayer de chasser de sa tête l'impression de ne pas être à la hauteur et ne pas céder à la comparaison des modèles qui nous entourent. Sur Linkedin, tout le monde affiche sa face gagnante, c'est déformant et ne correspond pas à la réalité. On est tous nuancé, la meilleur manière de percer, c'est d'être fidèle à soi-même. Du moment où on se trahit, ça sonne faux. Mieux vaut soigner sa différence que d’essayer de ressembler aux modèles. N’ayez pas peur d'assumer votre différence : cela réduira peut-être votre cible, mais vous permettra tout de suite de rentrer en contact avec des interlocuteurs et des clients qui partageront vos valeurs et avec qui vous prendrez du plaisir à travailler.
Si vous êtes fidèles à vous-même vous serez unique et vous aurez une identité forte.
2ème conseil : Soigner ses relations humaines, c’est important dans un parcours entrepreneurial d'avoir un réseau même amical, d'avoir un réseau sur lequel se reposer, ne pas se sentir seul. Identifier ce qui nous fait plaisir et nous ressource, non seulement dans le travail et dans la sphère privée.
3ème conseil : L’équilibre doit se faire entre pro et perso. Bien s'entourer d'activités et de personnes qui nous font du bien. C'est là qu'on puisera nos énergies, trouvera du réconfort et être soutenu dans les moments de difficultés.