Karine gaudin

" On peut avoir l'ambition du château mais on commence par construire le nid. "

 

Karine Gaudin

DGA/DAF à temps partagé

Fondatrice de 2econde Ligne

Ancienne co-gérante de PEPS ADVISORY

https://www.linkedin.com/in/karine-gaudin-97376312/?originalSubdomain=fr

 

Parle-nous de toi. Raconte-nous ton parcours en toute transparence et spontanéité

 

Je suis Maman de 3 grands enfants, 2 filles et 1 garçon. Mes 2 filles sont déjà dans le monde du travail et le dernier est en alternance et commence à aborder ces enjeux professionnels. 

Les échanges sont riches sur ces aspects d'accompagnement, trouver sa voie en tant que personne et professionnel. Je suis maman mais aussi coach professionnelle de mes enfants. C’est toute la difficulté du dosage de tous les rôles que l'on peut avoir, plusieurs vies en une vie en fait et comment organiser toutes ses vies. Le problème du temps est un vrai sujet pour arriver à arbitrer tout cela….et je ne suis pas encore à 100% de satisfaction actuellement !

 

Je suis quelqu’un qui aime beaucoup découvrir et aller vers des horizons différents. 

Au début de ma carrière, j’ai démarré par la comptabilité, puis je suis passée de la comptabilité à l'innovation en mettant dans ma boîte à outils tous les métiers des fonctions support (finances, RH, SI, qualité ….). J'adore comprendre tous les mécanismes de l'entreprise et faire qu’ils soient tous alignés pour réaliser le projet d'entreprise. Pour cela, j’œuvre à clarifier la vision globale, le projet de l’entreprise, en prenant en compte aussi la dimension humaine qui reste un enjeu important. Je mets ensuite les moyens et outils en œuvre pour coordonner tout cela, dans une dynamique collective. 

 

Qu’est-ce qui t’a amené à vouloir entreprendre ? 

Après avoir travaillé des années avec des professionnels libéraux (avocats, experts-comptables, …), après avoir essayé de créer cette dynamique et de la décliner sur toutes les fonctions supports, j’ai voulu changer tout en conservant les fondamentaux de mon métier.  J’adore faire cela mais je voulais le faire de manière différente. 

D’abord en testant autre chose que le salariat, mais aussi pour changer de posture et d’approche tout en gardant ce cœur de métier. 

 

J’ai cherché comment garder cette matière d’exercer différemment et j’ai regardé toutes les possibilités. Et pour moi le temps partagé a été la meilleure approche, en me permettant de vivre la mission, d’être immergée dans l'entreprise, d’intervenir de manière régulière, sur un temps long. 

Ce qui m'intéresse, c'est de faire bouger les lignes. J’ai une soif de diversité, d'innovation, de faire des liens, de faire des croisements, de sortir du cadre, de penser différemment. 

Ceci avec le souhait d’agir sur différentes entreprises sur un temps long. 

 

Quels ont été les enjeux pour toi ? 

Cela suppose d'avoir plusieurs cerveaux, en passant de la startup Biotech travaillant sur la  mise sur le marché d’un médicament à une société familiale qui produit des saucissons en Corse, pour aller vers un cabinet d’avocats, ou une entreprise de BTP.

Cela demande d’avoir beaucoup de souplesse pour passer d'un univers à un autre et quand même jouer son rôle, pousser l’entreprise, la faire évoluer, la faire grandir. 

 

Au départ, ce projet je voulais le mener seule et prendre ce risque-là  en créant ma structure et en démarrant une nouvelle vie en tant que telle. 

J'ai commencé seule en mesurant à la fois les avantages tout en ayant une directrice très exigeante (moi-même :)). Cela m’a demandé de savoir poser les limites. 

Et j'ai dû aussi composer avec les inconvénients : les baisses de moral en novembre, quand il pleut et que l’activité est trop calme, la période covid, l’inertie, le démarchage commercial à distance, ce n’est pas facile ! 

J’ai découvert un autre métier, la prospection commerciale, qui demande un temps long au démarrage - 3 à 6 mois parfois. J'ai parfois du mal à doser l’effort commercial à réaliser quand je suis trop submergée par la production. 

 

C’est cela aussi la difficulté d’entreprendre seule. 

 

Comment as-tu fait évoluer ton parcours entrepreneurial ? 

Ensemble, c'est peut-être plus facile. Au bout de 6 mois, je m’étais montrée à moi-même que j'étais capable de le faire seule, donc je me suis sentie légitime pour rejoindre une société en tant qu’associée et co-gérante. L’idée était de monter au capital pour définitivement faire partie de cette structure. 

Le chemin aussi a été intéressant, cela paraît désuet, mais il faut aussi une période de fiançailles pour valider une coopération : c’est ce que nous avons fait pendant un an. Une association, c'est aussi des personnes, de valeurs, il faut les vivre via les cas positifs et les expériences plus difficiles. 

 

Pour résumer mon parcours entrepreneurial : 

  • 6 mois toute seule
  • 1 an de fiançailles pour tester une future association avec une entreprise de conseil
  • Et finalement un changement de situation avec une association qui ne se fait pas avec le cabinet,
  • pour arriver à une forme hybride : une activité salariée une partie du temps et des missions ponctuelles

 

Pourquoi l’association avec ce cabinet ne s’est pas faite ? 

Nous étions trois associés, au départ. L’un des trois s’est retiré. Or nous avions une jolie complémentarité à trois qui n’a plus été la même à deux. Le projet n’avait plus le même sens, il aurait fallu se réinvestir et le redéfinir. Mais je crois que je n’avais plus à ce moment l’énergie pour le faire. 

 

Finalement, j’ai saisi l’opportunité de rejoindre l’un de mes clients en tant que salariée mais sur un temps partiel et de garder quelques missions ponctuelles sur ma structure. Ces missions viennent enrichir ma pratique professionnelle et me donner d’autres champs d’expérience. C’est un bon compromis aussi. 

 

En plus, je peux aussi utiliser le temps dégagé pour d’autres activités. J’en ai profité pour me former à la RSE par exemple. Et j’essaie aussi de consacrer du temps à des activités personnelles avec mon conjoint. C’est une façon d’apprendre à me désintoxiquer du travail…!

 

Quand tu as entrepris en solo, comment as-tu trouvé tes clients ? 

 

J’ai adopté la même démarche que dans le cadre d’une recherche d'emploi : tableau excel, mon réseau, mes contacts… Grâce aux apports de la formation Entreprendre Dans Le Conseil, j’ai appris comment recontacter les personnes efficacement et comment rédiger mes emails réseau. La méthode enseignée est hyper efficace et cela marche à 90% des cas ! 

En gros, c’est beaucoup d’échanges, faire savoir ce que je fais, semer des petites graines, rester en contact avec les cibles, relancer par email, investiguer (“vous avez choisi quelqu’un d’autre, comment cela se passe, répond-il à votre besoin…”)

 

C'est vraiment les petits cailloux que l'on sème et qui finissent par payer. 

 

J'avais semé plein de petits cailloux l'an dernier avec le sentiment que cela tombait dans les limbes et de ne jamais les revoir. En fait l’important, c’est de ne jamais lâcher le commercial, toujours en avoir un peu en permanence et à force de semer, cela finit par germer

 

Raconte-nous tes premiers pas chez Altitude conseil

Rejoindre Altitude Conseil, c'est 8 semaines hyper denses, ça va très vite, si on a déjà réfléchi aux sujets, ça aide pour en tirer la pleine substance. 

 

Quelles étaient tes interrogations à l’époque et les enjeux pour toi ?

J'avais réfléchi avant, j’avais déjà le projet de création depuis janvier. 

Mon attente était de m'aider à trouver de la cohérence sur tous les morceaux et trouver le fil conducteur, faire en sorte que cette mosaïque finisse par représenter quelque chose. 

C'était bien adapté car j'avais déjà les petits morceaux. 

 

Quels bénéfices as-tu retirés de l’accompagnement ?

J’ai pu définir cette “big picture” et avoir les idées plus claires de manière opérationnelle. J’ai pu engager la 1ère et la 2nde notamment sur la démarche commerciale, comment je rentre en contact avec quelqu’un et comment je convertis. Cela m’a permis de ne plus être dans le projet mais d'être dans l'action. Ça a vraiment été un temps de recentrage sur moi puis de réouverture sur le monde. Le parcours m’a permis de me connecter à moi et à mon projet avec le monde, que cela prenne forme et que ça se concrétise. Grâce à cette démarche et à la sous-traitance, mon projet a pris tout son sens. 

 

Quelles étaient tes motivations ?

Je voyais beaucoup d'entrepreneurs sans l'être vraiment, je souhaitais gagner en légitimité complémentaire. 

J’aspirais aussi à ressentir plus de liberté et gérer mon propre destin et à ne pas dépendre d'autres. 

 

Je voulais aussi  gérer mon temps de manière flexible. Je cherchais aussi à mieux équilibrer vie pro et vie perso et ainsi garder 1 journée / semaine à moi.

 

Quelles sont tes satisfactions ?

De voir que quelque part je ne me suis pas trompée. 

J’ai concrétisé un plutôt joli parcours. 

J’ai bien posé tous les jalons et j’arrive à complètement faire la transition. 

 

Ca veut dire que l'on peut entreprendre, qu'il faut y aller, qu'il faut y croire. Certes, cela demande du boulot, de bien y réfléchir avant, de prendre des risques mesurés, de sécuriser, d’avancer. 

 

Il est nécessaire je pense de vraiment tester les choses pour voir si ça fonctionne ou pas, apprendre à travailler ensemble, la notion de fiançailles. 

Ça se construit pas à pas, le nid d'abord en vue du château après. 

On peut avoir l'ambition du château mais on commence par construire le nid. 

 

Quelles sont les difficultés rencontrées et comment les dépasser ?

La gestion du temps car c’est toi le chef qui donne le rythme. 

J’ai un haut niveau d'exigence, et j’ai à la fois à cœur de prouver que j'y arrive bien en tant qu’entrepreneuse et de tenir mes objectifs. Cela demande des efforts pour arriver à bien doser. Mais j’essaie de ne pas oublier que c'est le démarrage et que ça se régule dans le temps.  

 

Quand tu fais de la production, tu ne fais pas du commerce et vice versa, comment tu concilies les 2 et organise ton temps entre les 2. Arriver à ne pas en faire trop avant, c’est une course de fond donc il faut arriver à bien réguler. 

Après on se dit qu'on peut faire les choses différemment et que c'est aussi bien. 

 

Quels sont tes projets et tes rêves ?

A titre professionnel : pouvoir étendre et pouvoir associer d'autres personnes à cette aventure, ne pas rester exclusif, toujours faire grandir et transmettre ce que j'ai pu apprendre. C’est très satisfaisant de savoir que je suis utile. J’aimerais continuer à pouvoir faire ça, être utile pour les clients, pour mes enfants, les aider à trouver leur vie professionnelle. 

Inventer la vie avec mon conjoint, nos projets pour les 10 prochaines années. Il y a aussi une autre vie à inventer derrière, donc préparer la vie d'après. 

 

Bien organiser sa fin de carrière professionnelle, comment préparer une sortie d'activité professionnelle et le faire en transition et douceur.

 

J’aimerais aussi trouver ce dosage vie pro / perso pour ne pas m'écœurer. Je me bats essentiellement contre moi-même dans cette histoire. Accepter et comprendre les enjeux pour toi, les injonctions… 

 

Quel conseil donnerais-tu aux futurs entrepreneurs ?

De réfléchir en amont à leur projet, de bien se connaître, bien savoir ce qu'ils ont envie. Faire ce travail d'introspection et savoir vraiment ce qui les motive et savoir pourquoi ils font les choses. C'est important car c'est ça qui te fait tenir sur la durée et que tu perdures. 

 

Un adage ou un mantra qui te suit ? 

Le pire n'est jamais sûr. 

On se fait souvent un monde d'un truc qui va arriver, aller jusqu'au bout et le vivre permet de le dépasser. Et finalement de trouver que ce n’était pas si dur…